SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

Bizen-den

La Tradition de Forge Bizen

Bizen-den, école légendaire de forge de sabres, a émergé dans la région de Bizen, correspondant aujourd'hui à l'est de la préfecture d'Okayama, et ses alentours. Ses racines s’étendent de la période Heian (794-1185) jusqu’à la période Muromachi (1336-1573), au cours desquelles cette région est devenue l'un des plus grands centres de production de sabres japonais.

Forge Bizen

 

Aux premiers temps de la période Heian et jusqu'au début de la période Kamakura (1185-1333), les techniques des forgerons de Bizen ne se distinguaient guère de celles pratiquées ailleurs au Japon. 

Cependant, le milieu de la période Kamakura a marqué un tournant décisif. Avec l'établissement du régime des samouraïs, le sabre tachi, caractérisé par sa courbure élégante et sa longueur, a pris une place centrale dans la société militaire. 

 

Ce contexte historique a permis aux techniques de Bizen-den d’atteindre un sommet d’excellence, notamment en termes de perfectionnement des courbes et de la finesse des lames.

 L'apogée de cette école a malheureusement été ternie par le déclin du shogunat de Kamakura. Au cours de la période Nanbokucho (1336-1392), la guerre a pris une nouvelle forme, marquée par des batailles de terrain impliquant de grands groupes organisés. 

 

Pour répondre à ces nouvelles exigences tactiques, les forgerons de Bizen ont adapté leur production, développant des lames plus larges et plus longues, capables de supporter des combats prolongés sur le champ de bataille. 

 

Toutefois, avec l’avènement du shogunat Muromachi et le retour à une certaine stabilité politique, les lames ont progressivement retrouvé des formes plus classiques, rappelant celles de la fin de la période Kamakura.  

Tachi Kagemitsu Bizen

Ce Tachi signé Bishū Osafune Sumi Kagemitsu est un tachi fabriqué par Osafune Kagemitsu, un forgeron actif dans la province de Bizen (actuelle préfecture d'Okayama orientale) à la fin de la période Kamakura.

Cette épée appartenait au 16ème chef de la famille Tokugawa, Tokugawa Ietsato. 

On suppose que ce tachi était l'épée préférée de Tokugawa Ieyasu le célèbre chef de guerre, bâtisseur de la ville d'Edo (devenue Tokyo) et premier shogun de la dynastie des Tokugawa qui dirigea le Japon de 1603 à 1867.

La guerre d'Onin (1467-1477) a marqué un tournant majeur, plongeant le Japon dans une longue période de conflits internes. 

Les batailles, désormais principalement urbaines, ont nécessité l'innovation d'une nouvelle forme de sabre : le katateuchi, un sabre plus court d’environ 50 cm, adapté aux combats dans des espaces restreints. 

La production en masse de ces sabres, souvent stockés à l'avance pour répondre à la demande croissante, est devenue un aspect essentiel de cette époque troublée, connue sous le nom de Sengoku Jidai, ou période des Royaumes Combattants (1467-1603).

Kata-teuchi Osafune Katsumitsu

Magnifique Kata-teuchi signé : Bizen Koku Ju Osafune Jirozaemon Jyo Katsumitsu 

Longueur de la lame : 63,0 cm -  Epoque : Fin de l'ère Muromachi Eisyo. 

Le Jigane et le Hamon sont fantastiques !

 

L'école de Bizen, s'est subdivisée en plusieurs sous-écoles au fil des siècles. Chacune d'entre elles a contribué à affiner et à enrichir l'art de la forge, tout en conservant les caractéristiques distinctives qui ont fait la renommée de Bizen. 

 

 

 

 

 

Voici un aperçu des principales sous-écoles

 de l'école de Bizen.

Ecole Fukuoka Ichimonji

 

Fukuoka-Ichimonji est l'école de fabrication de sabres qui a succédé à l'école Old Bizen de l'ère Heian et qui a prospéré au début et au milieu de l'ère Kamakura. 

Le nom vient du fait que de nombreux membres de l'école vivaient dans la région de Bizen, à Fukuoka, et qu'ils avaient l'habitude de graver la lettre Ichi 

(一 « un ») sur les sabres qu'ils fabriquaient. 

Cette convention serait née du compliment de l'empereur retraité Gotoba selon lequel leurs produits étaient les meilleurs de la nation. 

La caractéristique de l'école Fukuoka-Ichimonji est que, contrairement aux tranchants trempés des sabres Old Bizen avec leurs lames étroites et leurs marques en forme de grain, elle privilégiait un large tranchant avec de fins motifs étalés, aussi magnifiques que des fleurs, chevauchant la lame tranchante.

Tachi bizen ichi

Tachi signé Ichi Province de Bizen, période moyenne de Kamakura (XIIIe siècle) 

Longueur de la lame 72,0 cm, courbure Sori 2,2 cm

Cette lame est particulièrement large et épaisse.  Elle présente une courbure importante près de la base, sa pointe est de taille moyenne et est proportionnellement légèrement plus courte que la longueur de la lame ne le permettrait.

Ce sont les caractéristiques des sabres puissants du milieu de la période Kamakura. 

La lame présente un motif clair de vagues s'étendant vers la pointe, aussi magnifiques que des fleurs en fleurs, se chevauchant avec un motif de têtard.   

 

 

 

Ecole Osafune

 

L'école d'Osafune, au cœur de la province de Bizen, est reconnue comme l'une des plus prestigieuses écoles de forge du Japon. 

 

Cette renommée repose en grande partie sur le talent exceptionnel de ses maîtres forgerons, qui ont marqué l'histoire de la forge japonaise par leurs œuvres d'une qualité incomparable.

 

Mitsutada, le fondateur de l'école Osafune, est l'une des figures les plus emblématiques de cette tradition. Ses sabres, réputés pour leur finesse et leur équilibre, ont posé les bases de ce qui allait devenir une école de référence dans tout le Japon. 

Mitsutada a su transmettre son savoir-faire à ses successeurs, créant ainsi une lignée de forgerons d'une très grande maîtrise.

 

Parmi ses élèves, Nagamitsu se distingue particulièrement. Considéré comme l'un des plus grands forgerons de l'époque Kamakura, Nagamitsu a perpétué l'héritage de Mitsutada tout en apportant sa propre touche artistique. 

Ses sabres, connus pour leur robustesse et leurs motifs hamon d'une grande élégance, étaient très prisés des samouraïs et des chefs militaires de l'époque. Nagamitsu a dirigé l'école d'Osafune pendant la période des invasions mongoles, consolidant ainsi la réputation de cette école comme l'une des meilleures du pays.

 

Un autre maître de renom est Kagemitsu, fils de Nagamitsu. Il a hérité du talent de son père et l'a porté à un niveau supérieur. Kagemitsu est reconnu pour avoir introduit des innovations dans la fabrication des sabres, notamment en affinant les techniques de forge et en développant des motifs de lame encore plus sophistiqués. Ses créations ont continué à élever la réputation d'Osafune, faisant de cette école une référence incontournable pour les samouraïs et chefs de guerre en quête de sabres de qualité exceptionnelle.

 

Sanenaga, un autre forgeron éminent de l'école d'Osafune, a également contribué à son prestige. Il a joué un rôle crucial dans la transmission des techniques de l'école Osafune, assurant ainsi la pérennité de cette tradition à travers les générations.

 

 Ces maîtres forgerons – Mitsutada, Nagamitsu, Kagemitsu et Sanenaga – sont les piliers de l'école d'Osafune. Leurs œuvres continuent d'être admirées pour leur excellence et leur beauté, faisant de l'école d'Osafune un véritable trésor du patrimoine japonais.

Lame Mitsuda

Cette lame a été authentifié comme étant un Mitsutada. 

La lame est large et la sugata (la forme de la lame) est puissante, avec un remarquable utsuri (une formation brumeuse blanche parallèle au hamon  dans le jigane avec un koitamehada (un petit motif de grain de bois). 

Le hamon (motif de la lame) présente une brillante combinaison de chojiba (motif de clous de girofle) et de kawazukochojiba (motif de clous de girofle en forme de têtard) avec de riches activités au sein du hamon, telles que ashi (cristaux de martensite), yo (activité en forme de feuille tombante dans le hamon) et kinsuji (petites lignes brillantes). Le jigane et le hamon présentent clairement les caractéristiques de Mitsutada.

Ecole Yoshii

 

L’école Yoshii, active à partir de la période Nanbokucho, est située près d'Osafune, dans la région de Yoshii. 

Fondée par le forgeron Tamenori, elle a vu se succéder plusieurs générations de maîtres artisans, dont Kagenori, Ujinori, Yoshinori, Mitsunori, Morinori, Kiyonori, Naganori, et Kanenori. Ces noms ont souvent été repris par les générations suivantes de forgerons, notamment ceux qui se sont établis dans la province d'Izumo, où ils sont connus sous le nom de « Unshu Yoshii ».

 

Contrairement aux forgerons d'écoles plus prestigieuses qui mettaient souvent l’accent sur des lames ornementées, Tamenori a développé des sabres plus fonctionnels, caractérisés par une plus grande simplicité et une grande robustesse, qualités reconnues et recherchées par les guerriers de l'époque. 

 

Bien que leur période d'activité s'étende sur plusieurs siècles, la majorité des œuvres de l’école Yoshii ont été réalisées durant la période Muromachi (1336-1573). 

Le style distinctif de cette école propose une interprétation unique de la tradition Bizen, se démarquant par une approche plus atypique dans la fabrication de sabres.

 

Les forgerons de Yoshii produisaient principalement des katana et des wakizashi, les deux types de sabres les plus courants à l'époque. Cependant, il n'est pas rare de trouver des wakizashi hira-zukuri, une forme moins répandue, caractérisée par une lame sans yokote (ligne de division entre la pointe et le reste de la lame) et une structure plus aplatie.  

Les sabres créés à partir de la seconde moitié de la période de Kamakura jusqu'à Nanboku-chô par eux s'appellent Ko-yoshii. 

Lame style KO-Yoshii

Cette lame  est attribué àu style Ko-Yoshii, avec un hamon ko-gunome-midare continu, un itame-hada qui mélangeait mokumes, utsuri pâles. Sa forme originale est élégante et magnifique.

 

Ecole Hatakeda

 

Le fondateur présumé de l'école Hatakeda serait un forgeron du nom de Morichika, bien que peu de ses sabres aient été retrouvés. Cependant, c’est Moriie, un autre forgeron important, qui a véritablement marqué cette école. On pense que Moriie, vivant à Hatakeda et initialement affilié à l’école Fukuoka Ichimonji, a produit des sabres au milieu de la période Kamakura (1185-1333). Le nom de Moriie a été porté par plusieurs générations, suggérant une lignée de forgerons. 

Le deuxième Moriie, par exemple, a inscrit la mention « Osafune ju » (résident d’Osafune) sur son nakago (soie du sabre), ce qui prouve qu’il s’était établi à Osafune, une région renommée pour sa production de sabres. Il est d’ailleurs probable qu’il ait rejoint par la suite l’école d’Osafune.

 

D’autres forgerons notables de cette école incluent Sanemori, Iesuke, et Morishige.

Les sabres produits par l’école Hatakeda partagent de nombreuses caractéristiques avec ceux de Mitsutada, un célèbre forgeron de l’école Bizen. 

 

Au début de la période Nanbokucho (1336-1392), les sabres fabriqués à Bizen, comme dans d’autres régions du Japon, ont vu leurs dimensions augmenter considérablement. Des sabres de 90 cm n’étaient pas rares, avec une large mihaba (largeur de la lame) et un o-kissaki (grande pointe). Les tachi très longs, appelés nodachi ou seoi-dachi, pouvaient dépasser 100 cm, destinés à des combats impliquant de vastes groupes de soldats. Les tanto (petits sabres) de cette période ont également évolué pour devenir des ko-wakizashi (petits wakizashi), atteignant plus de 30 cm, avec des lames larges et un sori (courbure) prononcé. Osafune, pendant cette période, restait la principale zone de production de sabres. 

 

Cependant, même au sein de l'école Kanemitsu, la branche principale de l’école d'Osafune, on observe un éloignement du traditionnel hamon de la tradition Bizen, qui se caractérisait par des motifs en choji midare en nioi-deki (détail du motif de trempe). Les travaux des forgerons de cette époque montrent une influence notable de l’école Soshu-den. 

Cette influence est particulièrement visible dans les œuvres de Kanemitsu et de Chogi, tous deux comptés parmi les Juttetsu (les dix excellents élèves de Masamune), ainsi que dans celles de Motoshige, considéré comme l'un des Santetsu (trois excellents élèves de Sadamune).

 Au-delà des noms prestigieux, il est fascinant de constater que la tradition Soshu a exercé une telle influence, même dans une région aussi célèbre pour la forge que Bizen. 

Les forgerons de Bizen ont incorporé de nombreux éléments de l’école Soshu dans leurs techniques, créant un amalgame unique au cours de la période Nanbokucho, connu sous le nom de So-den Bizen.

Lame Bizen Tsuneie

Lame de Tsuneie reconnu comme l’un des forgerons les plus talentueux de l’école Oei Bizen, aux côtés de maîtres tels que Morimitsu et Yasumitsu. Issu de l’école Hatakeda, la première génération de cette lignée remonterait au milieu de la période Kamakura (1185-1333). 

Les sabres attribués à Tsuneie, datant de la période Oei (1394-1428), sont particulièrement rares, rendant ses œuvres très recherchées par les collectionneurs et les historiens. 

Spécialiste des hamon gunome (motif ondulé sur le tranchant), Tsuneie montrait également une grande maîtrise des lames droites, une rareté pour l’époque.

 

SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

Tradition Bizen-den

La Tradition de Forge Bizen

Bizen-den, école légendaire de forge d'épées, a émergé dans la région de Bizen, correspondant aujourd'hui à l'est de la préfecture d'Okayama, et ses alentours. Ses racines s’étendent de la période Heian (794-1185) jusqu’à la période Muromachi (1336-1573), au cours desquelles cette région est devenue l'un des plus grands centres de production de sabres japonais.

Forge Bizen

 

Aux premiers temps de la période Heian et jusqu'au début de la période Kamakura (1185-1333), les techniques des forgerons de Bizen ne se distinguaient guère de celles pratiquées ailleurs au Japon. 

Cependant, le milieu de la période Kamakura a marqué un tournant décisif. Avec l'établissement du régime des samouraïs, le sabre tachi, caractérisé par sa courbure élégante et sa longueur, a pris une place centrale dans la société militaire. 

 

Ce contexte historique a permis aux techniques de Bizen-den d’atteindre un sommet d’excellence, notamment en termes de perfectionnement des courbes et de la finesse des lames.

 L'apogée de cette école a malheureusement été ternie par le déclin du shogunat de Kamakura. Au cours de la période Nanbokucho (1336-1392), la guerre a pris une nouvelle forme, marquée par des batailles de terrain impliquant de grands groupes organisés. 

 

Pour répondre à ces nouvelles exigences tactiques, les forgerons de Bizen ont adapté leur production, développant des lames plus larges et plus longues, capables de supporter des combats prolongés sur le champ de bataille. 

 

Toutefois, avec l’avènement du shogunat Muromachi et le retour à une certaine stabilité politique, les lames ont progressivement retrouvé des formes plus classiques, rappelant celles de la fin de la période Kamakura.  

Tachi kagemitsu

Ce Tachi signé Bishū Osafune Sumi Kagemitsu est un tachi fabriqué par Osafune Kagemitsu, un forgeron actif dans la province de Bizen (actuelle préfecture d'Okayama orientale) à la fin de la période Kamakura.

Cette épée appartenait au 16ème chef de la famille Tokugawa, Tokugawa Ietsato. 

On suppose que ce tachi était l'épée préférée de Tokugawa Ieyasu le célèbre chef de guerre, bâtisseur de la ville d'Edo (devenue Tokyo) et premier shogun de la dynastie des Tokugawa qui dirigea le Japon de 1603 à 1867.

La guerre d'Onin (1467-1477) a marqué un tournant majeur, plongeant le Japon dans une longue période de conflits internes. 

Les batailles, désormais principalement urbaines, ont nécessité l'innovation d'une nouvelle forme de sabre : le katateuchi, un sabre plus court d’environ 50 cm, adapté aux combats dans des espaces restreints. 

La production en masse de ces sabres, souvent stockés à l'avance pour répondre à la demande croissante, est devenue un aspect essentiel de cette époque troublée, connue sous le nom de Sengoku Jidai, ou période des Royaumes Combattants (1467-1603).

Lame Bizen Katsumitsu

Magnifique Kata-teuchi signé : Bizen Koku Ju Osafune Jirozaemon Jyo Katsumitsu 

Longueur de la lame : 63,0 cm -  Epoque : Fin de l'ère Muromachi Eisyo. 

Le Jigane et le Hamon sont fantastiques !

 

L'école de Bizen, s'est subdivisée en plusieurs sous-écoles au fil des siècles. Chacune d'entre elles a contribué à affiner et à enrichir l'art de la forge, tout en conservant les caractéristiques distinctives qui ont fait la renommée de Bizen. 

 

                 Voici un aperçu des principales sous-écoles de l'école de Bizen.

Ecole Fukuoka Ichimonji

 

Fukuoka-Ichimonji est l'école de fabrication de sabres qui a succédé à l'école Old Bizen de l'ère Heian et qui a prospéré au début et au milieu de l'ère Kamakura. 

Le nom vient du fait que de nombreux membres de l'école vivaient dans la région de Bizen, à Fukuoka, et qu'ils avaient l'habitude de graver la lettre Ichi (一 « un ») sur les sabres qu'ils fabriquaient. 

Cette convention serait née du compliment de l'empereur retraité Gotoba selon lequel leurs produits étaient les meilleurs de la nation. 

La caractéristique de l'école Fukuoka-Ichimonji est que, contrairement aux tranchants trempés des sabres Old Bizen avec leurs lames étroites et leurs marques en forme de grain, elle privilégiait un large tranchant avec de fins motifs étalés, aussi magnifiques que des fleurs, chevauchant la lame tranchante.

tachi Bizen période Kamura

Tachi signé Ichi Province de Bizen, période moyenne de Kamakura (XIIIe siècle) 

Longueur de la lame 72,0 cm, courbure Sori 2,2 cm

Cette lame est particulièrement large et épaisse.  Elle présente une courbure importante près de la base, sa pointe est de taille moyenne et est proportionnellement légèrement plus courte que la longueur de la lame ne le permettrait.

Ce sont les caractéristiques des sabres puissants du milieu de la période Kamakura. 

La lame présente un motif clair de vagues s'étendant vers la pointe, aussi magnifiques que des fleurs en fleurs, se chevauchant avec un motif de têtard.   

 

 

 

Ecole Osafune

 

L'école d'Osafune, au cœur de la province de Bizen, est reconnue comme l'une des plus prestigieuses écoles de forge du Japon. 

 

Cette renommée repose en grande partie sur le talent exceptionnel de ses maîtres forgerons, qui ont marqué l'histoire de la forge japonaise par leurs œuvres d'une qualité incomparable.

 

Mitsutada, le fondateur de l'école Osafune, est l'une des figures les plus emblématiques de cette tradition. Ses sabres, réputés pour leur finesse et leur équilibre, ont posé les bases de ce qui allait devenir une école de référence dans tout le Japon. 

Mitsutada a su transmettre son savoir-faire à ses successeurs, créant ainsi une lignée de forgerons d'une très grande maîtrise.

 

Parmi ses élèves, Nagamitsu se distingue particulièrement. Considéré comme l'un des plus grands forgerons de l'époque Kamakura, Nagamitsu a perpétué l'héritage de Mitsutada tout en apportant sa propre touche artistique. 

Ses sabres, connus pour leur robustesse et leurs motifs hamon d'une grande élégance, étaient très prisés des samouraïs et des chefs militaires de l'époque. Nagamitsu a dirigé l'école d'Osafune pendant la période des invasions mongoles, consolidant ainsi la réputation de cette école comme l'une des meilleures du pays.

 

Un autre maître de renom est Kagemitsu, fils de Nagamitsu. Il a hérité du talent de son père et l'a porté à un niveau supérieur. Kagemitsu est reconnu pour avoir introduit des innovations dans la fabrication des sabres, notamment en affinant les techniques de forge et en développant des motifs de lame encore plus sophistiqués. Ses créations ont continué à élever la réputation d'Osafune, faisant de cette école une référence incontournable pour les samouraïs et chefs de guerre en quête de sabres de qualité exceptionnelle.

 

Sanenaga, un autre forgeron éminent de l'école d'Osafune, a également contribué à son prestige. Il a joué un rôle crucial dans la transmission des techniques de l'école Osafune, assurant ainsi la pérennité de cette tradition à travers les générations.

 

 Ces maîtres forgerons – Mitsutada, Nagamitsu, Kagemitsu et Sanenaga – sont les piliers de l'école d'Osafune. Leurs œuvres continuent d'être admirées pour leur excellence et leur beauté, faisant de l'école d'Osafune un véritable trésor du patrimoine japonais.

lame japon Bizen Mitsutada

Cette lame a été authentifié comme étant un Mitsutada. 

La lame est large et la sugata (la forme de la lame) est puissante, avec un remarquable utsuri (une formation brumeuse blanche parallèle au hamon  dans le jigane avec un koitamehada (un petit motif de grain de bois). 

Le hamon (motif de la lame) présente une brillante combinaison de chojiba (motif de clous de girofle) et de kawazukochojiba (motif de clous de girofle en forme de têtard) avec de riches activités au sein du hamon, telles que ashi (cristaux de martensite), yo (activité en forme de feuille tombante dans le hamon) et kinsuji (petites lignes brillantes). Le jigane et le hamon présentent clairement les caractéristiques de Mitsutada.

Ecole Yoshii

 

L’école Yoshii, active à partir de la période Nanbokucho, est située près d'Osafune, dans la région de Yoshii. 

Fondée par le forgeron Tamenori, elle a vu se succéder plusieurs générations de maîtres artisans, dont Kagenori, Ujinori, Yoshinori, Mitsunori, Morinori, Kiyonori, Naganori, et Kanenori. Ces noms ont souvent été repris par les générations suivantes de forgerons, notamment ceux qui se sont établis dans la province d'Izumo, où ils sont connus sous le nom de « Unshu Yoshii ».

 

Contrairement aux forgerons d'écoles plus prestigieuses qui mettaient souvent l’accent sur des lames ornementées, Tamenori a développé des sabres plus fonctionnels, caractérisés par une plus grande simplicité et une grande robustesse, qualités reconnues et recherchées par les guerriers de l'époque. 

 

Bien que leur période d'activité s'étende sur plusieurs siècles, la majorité des œuvres de l’école Yoshii ont été réalisées durant la période Muromachi (1336-1573). 

Le style distinctif de cette école propose une interprétation unique de la tradition Bizen, se démarquant par une approche plus atypique dans la fabrication de sabres.

 

Les forgerons de Yoshii produisaient principalement des katana et des wakizashi, les deux types de sabres les plus courants à l'époque. Cependant, il n'est pas rare de trouver des wakizashi hira-zukuri, une forme moins répandue, caractérisée par une lame sans yokote (ligne de division entre la pointe et le reste de la lame) et une structure plus aplatie.  

Les sabres créés à partir de la seconde moitié de la période de Kamakura jusqu'à Nanboku-chô par eux s'appellent Ko-yoshii. 

tachi Bizen Ko-Yoshii

Cette lame  est attribué àu style Ko-Yoshii, avec un hamon ko-gunome-midare continu, un itame-hada qui mélangeait mokumes, utsuri pâles. Sa forme originale est élégante et magnifique.

 

Ecole Hatakeda

 

Le fondateur présumé de l'école Hatakeda serait un forgeron du nom de Morichika, bien que peu de ses sabres aient été retrouvés. Cependant, c’est Moriie, un autre forgeron important, qui a véritablement marqué cette école. On pense que Moriie, vivant à Hatakeda et initialement affilié à l’école Fukuoka Ichimonji, a produit des sabres au milieu de la période Kamakura (1185-1333). Le nom de Moriie a été porté par plusieurs générations, suggérant une lignée de forgerons. 

Le deuxième Moriie, par exemple, a inscrit la mention « Osafune ju » (résident d’Osafune) sur son nakago (soie du sabre), ce qui prouve qu’il s’était établi à Osafune, une région renommée pour sa production de sabres. Il est d’ailleurs probable qu’il ait rejoint par la suite l’école d’Osafune.

 

 D’autres forgerons notables de cette école incluent Sanemori, Iesuke, et Morishige.

 Les sabres produits par l’école Hatakeda partagent de nombreuses caractéristiques avec ceux de Mitsutada, un célèbre forgeron de l’école Bizen. 

 

Au début de la période Nanbokucho (1336-1392), les sabres fabriqués à Bizen, comme dans d’autres régions du Japon, ont vu leurs dimensions augmenter considérablement. Des sabres de 90 cm n’étaient pas rares, avec une large mihaba (largeur de la lame) et un o-kissaki (grande pointe). Les tachi très longs, appelés nodachi ou seoi-dachi, pouvaient dépasser 100 cm, destinés à des combats impliquant de vastes groupes de soldats. Les tanto (petits sabres) de cette période ont également évolué pour devenir des ko-wakizashi (petits wakizashi), atteignant plus de 30 cm, avec des lames larges et un sori (courbure) prononcé. Osafune, pendant cette période, restait la principale zone de production de sabres. 

 

Cependant, même au sein de l'école Kanemitsu, la branche principale de l’école d'Osafune, on observe un éloignement du traditionnel hamon de la tradition Bizen, qui se caractérisait par des motifs en choji midare en nioi-deki (détail du motif de trempe). Les travaux des forgerons de cette époque montrent une influence notable de l’école Soshu-den. 

Cette influence est particulièrement visible dans les œuvres de Kanemitsu et de Chogi, tous deux comptés parmi les Juttetsu (les dix excellents élèves de Masamune), ainsi que dans celles de Motoshige, considéré comme l'un des Santetsu (trois excellents élèves de Sadamune).

 Au-delà des noms prestigieux, il est fascinant de constater que la tradition Soshu a exercé une telle influence, même dans une région aussi célèbre pour la forge que Bizen. 

Les forgerons de Bizen ont incorporé de nombreux éléments de l’école Soshu dans leurs techniques, créant un amalgame unique au cours de la période Nanbokucho, connu sous le nom de So-den Bizen.

Tachi Tsuneie Bizen

Lame de Tsuneie reconnu comme l’un des forgerons les plus talentueux de l’école Oei Bizen, aux côtés de maîtres tels que Morimitsu et Yasumitsu. Issu de l’école Hatakeda, la première génération de cette lignée remonterait au milieu de la période Kamakura (1185-1333). 

Les sabres attribués à Tsuneie, datant de la période Oei (1394-1428), sont particulièrement rares, rendant ses œuvres très recherchées par les collectionneurs et les historiens. 

Spécialiste des hamon gunome (motif ondulé sur le tranchant), Tsuneie montrait également une grande maîtrise des lames droites, une rareté pour l’époque.