SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

La fabrication du Nihonto

Lingot de Tamahagane

La séquence répétée de cycles de chauffage et de pliage requise pour le feuilletage du lingot entraîne le processus de décarburation de l'acier, en particulier du kawagane. Afin de minimiser ce phénomène de décarburation, le lingot est revêtu d'une barbotine composée d'argile et de cendres de paille.

Le processus de forge débute par le chauffage du Tamahagane, suivi du martelage et de la découpe en petits morceaux par le forgeron.   

 

Chaque morceau d'acier est chauffé au rouge puis trempé dans l'eau froide. Ensuite, les morceaux sont enveloppés de papier de riz, sur lequel le forgeron applique un mélange d'eau argileuse et de cendres pour prévenir l'inclusion d'oxygène et ainsi éviter la rouille future de la lame.   

 

Après plusieurs heures, le forgeron trie les morceaux en fonction de leur teneur en carbone, déterminée par la couleur du grain.S'ensuit un martelage régulier pour éliminer les bulles d'air et les impuretés, tout en répartissant le carbone de manière homogène.   

 

L'acier est ensuite étiré, plié, et le martelage est répété au moins 15 fois, nécessitant une semaine entière. Cette opération peut donner lieu à un feuilletage allant jusqu'à 32 000 couches, dont les motifs révélés par le polissage constituent la signature du forgeron.  La maîtrise de la forge d'un sabre japonais repose sur une lame tranchante qui doit être à la fois dure pour une coupe nette et souple pour éviter la rupture.  

 

La première technique pour atteindre cet équilibre consiste à choisir et forger une lame composite, composée d'aciers variés en termes de teneur en carbone.  

Une des technique les plus répandues est la forge Kobuse, une enveloppe dure (kawagane) avec un coeur mou (shingane) pour la souplesse de la lame.

 

L'oroshigane 

Pour obtenir le kawagane (l'acier dur), le forgeron doit généralement procéder à la recarburation du tamahagane. En revanche, l'obtention du shingane (l'acier doux) requiert la décarburation du tamahagane. Ces deux processus impliquent l'équilibrage classique du carbone et de l'oxygène par le forgeron, faisant usage de charbon de bois et d'un soufflet. L'acier résultant de la décarburation ou de la recarburation, appelé oroshigane, contient des impuretés qui doivent être éliminées avant le forgeage.

 

Coeur doux, extérieur dur 

Forge kobuse

À la suite de l'étape précédente, le forgeron obtient un lingot de 35 cm de long. Le kawagane est généralement façonné en forme de U selon la méthode kobuse. Le shingane subit des ajustements pour conformer sa forme à celle du kawagane, puis il est inséré dans ce dernier, légèrement en retrait. L'ensemble est chauffé à une température de 1300 °C pour permettre la fusion des deux nuances. Le produit final de cette opération est appelé tsukurikomi, un sandwich métallique résultant de l'assemblage des deux composants.

La première étape du forgeage consiste à étirer le tsukurikomi jusqu’à 90% de la longueur finale avec une épaisseur supérieure à l’épaisseur finale. Cette ébauche – appelée sunobe – est ensuite façonnée en hauteur et profil, pour obtenir la lame (hizukuri). La préforme est d’abord étirée longitudinalement. Pour cela, le sunobe est chauffé à 1100°C (jaune) et forgé rapidement jusqu’à ce que la température atteigne 700°C (rouge).   

La lame est ensuite réchauffée par tronçon pour la travailler sur sa hauteur. Le forgeron commence par la pointe et remonte vers la garde. Afin d’obtenir une lame plate, le forgeron travaille alternativement les deux faces. A ce stade le tranchant n’est qu’ébauché et présente une épaisseur de 2,5 mm. La lame subi alors les premières étapes de finition (shiage). 

 

Les irrégularités superficielles sont éliminées à l’aide d’un outil à deux mains, le sen. Le tranchant et le dos sont amincis à la lime et l’ensemble de la lame est polie grossièrement. La lame présente alors toutes les lignes et détails de son esthétique finale que la trempe va révéler.

Martelage Tamahagane

La purification de l'oroshigane s'effectue par chauffage et battage. 

Après fragmentation, le forgeron obtient de petites plaques mesurant entre 2 et 3 cm de côté, avec une épaisseur d'environ 6 mm. La qualité de l'acier est évaluée en fonction de l'aspect de leur cassure. Ces plaques sont disposées en plusieurs piles sur une spatule en oroshigane munie d'un manche en acier. La longueur de cet empilement peut atteindre 12 cm et son poids s'élève à 3,5 kg. 

L'ensemble est solidarisé par une feuille de papier de riz pour faciliter le transport vers le foyer de la forge. Après plusieurs cycles de martelage à une température d'environ 1300°C (estimée par le forgeron en fonction de la couleur de l'alliage), un lingot propre est obtenu, prêt pour le processus de "feuilletage".

Le traitement thermique

La deuxième technique, le traitement thermique, consiste à chauffer et refroidir rapidement l'acier pour lui conférer sa dureté en modifiant sa structure cristalline.

Pour différencier la dureté du fil de la lame de celle du dos, le forgeron utilise un mélange de pierre ponce, d'argile et de cendres, créant une ligne de trempe appelée Hamon (刃文). Le dos, protégé par le composé argileux, reste moins trempé et donc plus souple que le fil tranchant de la lame.

 

Après trois semaines de forge, le traitement thermique peut être effectué. La trempe est traditionnellement réalisée de nuit. En effet, l’obscurité permet une meilleure estimation de la température par le forgeron. Il observe les variations de couleur pour chauffer l'acier uniformément à 800 degrés. Les couleurs du lever du soleil indiquent le moment propice pour plonger rapidement le sabre dans l'eau froide, modifiant ainsi la structure de l'acier et accentuant la courbure caractéristique de la lame.

 

Le forgeron procède ensuite à l'affinement de la courbure, connue sous le nom de sorinahoshi, en forgeant la lame sur un bloc de cuivre chauffé au rouge. Une phase de polissage grossier est effectuée, préparant le terrain pour le travail ultérieur du polisseur. L'esthétique de la lame est méticuleusement façonnée par le forgeron, qui peut parfois creuser des gorges dans la partie supérieure de la lame pour un sabre plus léger dans le cas de pratiques martiales.

 

Finalisation du nakago et signature du forgeron

Reste pour le forgeron à finaliser la soie (nakago 茎). Les soies des lames japonaises sont traitées avec un motif décoratif de limage (yasurime 鑢目). Ces traits ne sont jamais polis ni nettoyés au cours de la vie de la lame, acquérant une oxydation au fil du temps qui confère à la lame son cachet d'authenticité. L'orientation des stries de lime sur la soie correspond généralement à la direction dans laquelle l'ensemble de la lame a été dégagé de son revêtement argileux après la trempe. Les marques peuvent adopter des configurations obliques, horizontales, verticales, en quadrillage, ou une combinaison de plusieurs motifs.

Signature (Mei) Nakago

SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

La fabrication du Nihonto

Lingot de Tamahagane

La séquence répétée de cycles de chauffage et de pliage requise pour le feuilletage du lingot entraîne le processus de décarburation de l'acier, en particulier du kawagane. Afin de minimiser ce phénomène de décarburation, le lingot est revêtu d'une barbotine composée d'argile et de cendres de paille.

Le processus de forge débute par le chauffage du Tamahagane, suivi du martelage et de la découpe en petits morceaux par le forgeron.   

 

Chaque morceau d'acier est chauffé au rouge puis trempé dans l'eau froide. Ensuite, les morceaux sont enveloppés de papier de riz, sur lequel le forgeron applique un mélange d'eau argileuse et de cendres pour prévenir l'inclusion d'oxygène et ainsi éviter la rouille future de la lame.   

 

Après plusieurs heures, le forgeron trie les morceaux en fonction de leur teneur en carbone, déterminée par la couleur du grain.S'ensuit un martelage régulier pour éliminer les bulles d'air et les impuretés, tout en répartissant le carbone de manière homogène.   

 

L'acier est ensuite étiré, plié, et le martelage est répété au moins 15 fois, nécessitant une semaine entière. Cette opération peut donner lieu à un feuilletage allant jusqu'à 32 000 couches, dont les motifs révélés par le polissage constituent la signature du forgeron.  La maîtrise de la forge d'un sabre japonais repose sur une lame tranchante qui doit être à la fois dure pour une coupe nette et souple pour éviter la rupture.  

 

 

La première technique pour atteindre cet équilibre consiste à choisir et forger une lame composite, composée d'aciers variés en termes de teneur en carbone.  

Une des technique les plus répandues est la forge Kobuse, une enveloppe dure (kawagane) avec un coeur mou (shingane) pour la souplesse de la lame.

 

L'oroshigane 

Pour obtenir le kawagane (l'acier dur), le forgeron doit généralement procéder à la recarburation du tamahagane. En revanche, l'obtention du shingane (l'acier doux) requiert la décarburation du tamahagane. Ces deux processus impliquent l'équilibrage classique du carbone et de l'oxygène par le forgeron, faisant usage de charbon de bois et d'un soufflet. L'acier résultant de la décarburation ou de la recarburation, appelé oroshigane, contient des impuretés qui doivent être éliminées avant le forgeage.

 

Coeur doux, extérieur dur 

Forge kobuse

À la suite de l'étape précédente, le forgeron obtient un lingot de 35 cm de long. Le kawagane est généralement façonné en forme de U selon la méthode kobuse. Le shingane subit des ajustements pour conformer sa forme à celle du kawagane, puis il est inséré dans ce dernier, légèrement en retrait. L'ensemble est chauffé à une température de 1300 °C pour permettre la fusion des deux nuances. Le produit final de cette opération est appelé tsukurikomi, un sandwich métallique résultant de l'assemblage des deux composants.

La première étape du forgeage consiste à étirer le tsukurikomi jusqu’à 90% de la longueur finale avec une épaisseur supérieure à l’épaisseur finale. Cette ébauche – appelée sunobe – est ensuite façonnée en hauteur et profil, pour obtenir la lame (hizukuri). La préforme est d’abord étirée longitudinalement. Pour cela, le sunobe est chauffé à 1100°C (jaune) et forgé rapidement jusqu’à ce que la température atteigne 700°C (rouge).   

La lame est ensuite réchauffée par tronçon pour la travailler sur sa hauteur. Le forgeron commence par la pointe et remonte vers la garde. Afin d’obtenir une lame plate, le forgeron travaille alternativement les deux faces. A ce stade le tranchant n’est qu’ébauché et présente une épaisseur de 2,5 mm. La lame subi alors les premières étapes de finition (shiage). 

 

Les irrégularités superficielles sont éliminées à l’aide d’un outil à deux mains, le sen. Le tranchant et le dos sont amincis à la lime et l’ensemble de la lame est polie grossièrement. La lame présente alors toutes les lignes et détails de son esthétique finale que la trempe va révéler.

Martelage Tamahagane

La purification de l'oroshigane s'effectue par chauffage et battage. Après fragmentation, le forgeron obtient de petites plaques mesurant entre 2 et 3 cm de côté, avec une épaisseur d'environ 6 mm. La qualité de l'acier est évaluée en fonction de l'aspect de leur cassure. Ces plaques sont disposées en plusieurs piles sur une spatule en oroshigane munie d'un manche en acier. La longueur de cet empilement peut atteindre 12 cm et son poids s'élève à 3,5 kg. L'ensemble est solidarisé par une feuille de papier de riz pour faciliter le transport vers le foyer de la forge. Après plusieurs cycles de martelage à une température d'environ 1300°C (estimée par le forgeron en fonction de la couleur de l'alliage), un lingot propre est obtenu, prêt pour le processus de "feuilletage".

Le traitement thermique

La deuxième technique, le traitement thermique, consiste à chauffer et refroidir rapidement l'acier pour lui conférer sa dureté en modifiant sa structure cristalline.

Pour différencier la dureté du fil de la lame de celle du dos, le forgeron utilise un mélange de pierre ponce, d'argile et de cendres, créant une ligne de trempe appelée Hamon (刃文). Le dos, protégé par le composé argileux, reste moins trempé et donc plus souple que le fil tranchant de la lame.

 

Après trois semaines de forge, le traitement thermique peut être effectué. La trempe est traditionnellement réalisée de nuit. En effet, l’obscurité permet une meilleure estimation de la température par le forgeron. Il observe les variations de couleur pour chauffer l'acier uniformément à 800 degrés. Les couleurs du lever du soleil indiquent le moment propice pour plonger rapidement le sabre dans l'eau froide, modifiant ainsi la structure de l'acier et accentuant la courbure caractéristique de la lame.

 

Le forgeron procède ensuite à l'affinement de la courbure, connue sous le nom de sorinahoshi, en forgeant la lame sur un bloc de cuivre chauffé au rouge. Une phase de polissage grossier est effectuée, préparant le terrain pour le travail ultérieur du polisseur. L'esthétique de la lame est méticuleusement façonnée par le forgeron, qui peut parfois creuser des gorges dans la partie supérieure de la lame pour un sabre plus léger dans le cas de pratiques martiales.

 

Reste pour le forgeron à finaliser la soie (nakago 茎). Les soies des lames japonaises sont traitées avec un motif décoratif de limage (yasurime 鑢目). Ces traits ne sont jamais polis ni nettoyés au cours de la vie de la lame, acquérant une oxydation au fil du temps qui confère à la lame son cachet d'authenticité. L'orientation des stries de lime sur la soie correspond généralement à la direction dans laquelle l'ensemble de la lame a été dégagé de son revêtement argileux après la trempe. Les marques peuvent adopter des configurations obliques, horizontales, verticales, en quadrillage, ou une combinaison de plusieurs motifs.

Finalisation du nakago et signature du forgeron

Reste pour le forgeron à finaliser la soie (nakago 茎).   Les soies des lames japonaises sont traitées avec un motif décoratif de limage (yasurime 鑢目).

 

 Ces traits ne sont jamais polis ni nettoyés au cours de la vie de la lame, acquérant une oxydation au fil du temps qui confère à la lame son cachet d'authenticité. L'orientation des stries de lime sur la soie correspond généralement à la direction dans laquelle l'ensemble de la lame a été dégagé de son revêtement argileux après la trempe. Les marques peuvent adopter des configurations obliques, horizontales, verticales, en quadrillage, ou une combinaison de plusieurs motifs.

Signature (Mei) Nakago